De potlatch en potlatch
Ce terme d’origine chinook (et qui signifie don ou donner) consacre dans un cadre cérémoniel important un ensemble de manifestations (danse, fêtes discours, rites, donations, destructions…) développé parmi les peuples autochtones de la côte nord ouest américaine (Colombie Britannique).
Ce «Système de « prestations totales de type agonistique (compétitif)» écrit l’ethnologue Marcel Mauss, recouvre des dimensions à la fois économique, juridique, religieuse et mythique. Lors d’une cérémonie qui peut durer plusieurs jours et à laquelle sont conviées de très nombreuses personnes de différentes maisons ou de différents villages (et qui seront autant de témoins potentiels selon les biens accumulés par la puissance invitante), le donateur va en distribuant ses richesses obliger ses donataires. Et ce pendant de très longues années lorsque la quantité ou la qualité du don hypothèque sa réciprocité pour le donataire.
En se dépossédant le donateur assoit son nom, sa réputation, son autorité; il hiérarchise à son profit la sphère socio-politique dans laquelle il évolue. Critiqué par les Églises, – qui vivent essentiellement de donations – le potlatch fut interdit de 1884 à 1951. Il fut en revanche bien sûr encensé par les situationnistes. Guy Debord intitula même l’une de ses revues Potlach (1954-1957) dont tous les textes, précisait t-il peuvent être reproduits, imités, ou partiellement cités, sans la moindre indication d’origine». Un vrai don mais une dette morale pour chaque lecteur…
Vancouver, 2014.
© Philippe Pataud Célérier
